Difficile d'écrire quelquechose qui n'a pas déjà été dit et d'avoir sa propre analyse sur un évènement aussi médiatisé que la visite du Pâpe en France, du 12 au 15 septembre.
Je crois que ce qui nous manquait, à nous, Français, c'est de cerner le caractère et l'humanité de cet homme élu voilà déjà plus de trois ans à la tête de l'église catholique.
Et si auparavant, le Pâpe s'imposait par son côté infaillible, aujourd'hui un pâpe est d'autant plus respecté qu'il est humain et vrai.
Entendre le Pâpe s'exprimer en français contribue aussi sûrement à mieux le comprendre. Et il peut aussi dissiper les malentendus qu'une presse avide de sensationnel entretient souvent. Sur de nombreuses questions, morales notamment, c'est vrai qu'il était nécessaire de faire la lumière, de "préciser" des choses. Qu'il nous montre enfin ses intentions, ce qu'il avait derrière la tête, hormis des régles, des directives, des positions morales.
On l'a compris, rien ne changera sur le fond sur les divorcés remariés, (sur l'homosexualité par extension même s'il n'en a pas parlé). Ce qui change, c'est le contexte. Tout chrétien est utile. Chacun peut faire son chemin, malgré son "rang d'acceptation" dans l'Eglise. Vous me direz c'est assez hypocrite, oui peut-être, mais ça a au moins le mérite de ne pas en rajouter, de ne pas avoir un regard qui juge et qui exclue davantage.
Ca responsabilise aussi, parce que l'Eglise, ce n'est pas une entitée hors des chrétiens , ce sont les chrétiens aux mêmes. Et le Pâpe est dans son rôle, il a des choses à rappeller. Mais sans montrer qu'il a mieux compris que les autres, et qu'il se sent supérieur à eux.
Son témoignage de chrétien, il le portera surtout dans la façon dont il les rapellera, ces choses. La fermeté certes, je le concois, mais jamais sans l'amour. Et aussi l'humilité.
Un défi quotidien, qui pour l'instant, est relevé par Benoit XVI à mon sens.
Ca rejoint en fait l'image que j'ai depuis quelques temps du Pâpe, c'est à dire un homme comme un autre devant Dieu, qui a même peut être encore plus de comptes à rendre, car son attitude peut avoir beaucoup de conséquences sur beaucoup de vies.
Ce qu'il a dit sur la nécessité de ne pas être un "chrétien seul" et de vivre en paroisse, me rejoint. Pas pour faire comme tout le monde, (c'est souvent j'ai l'impression ce qui motive les interrogations que je reçois de certains pour savoir si je suis un "vrai" ou "faux" chrétien). Pour moi, ça va plus loin que ça. C'est accepter de s'améliorer dans sa foi grâce aussi au regard des autres, aux interrogations que ceux-ci suscitent en nous, qui peuvent nous aider à grandir.
Des chrétiens qui se rassemblent pour être indentiques, donc anonymes au milieu d'un tout monocolore, ce n'est pas du tout ma vision d'une église vivante.
Et en écrivant ces mots, je me rends compte finalement de la contradiction la plus fine de tout cela. Difficile tout de même de faire son chemin de chrétien, et surtout en paroisse quand on est "étiqueté" dans l'Eglise. (même si l'acte, n'est pas le pêcheur, ce n'est pas l'acte qui communie ou pas ;) ). Et finalement, justement ce qui peut rendre cette église vivante, c'est d'oser faire le pas pour affronter ce regard des autres.
Ce regard jamais facile à affronter, à accepter, et à donner en retour. Surtout dans un monde où on n'a jamais si mal communiqué entre être humains. Il nous faut peut-être retrouver cette "grâce du vivre ensemble". Et vivre ensemble, ça n'est jamais gagné d'avance, encore plus dans l'Eglise !
En cela, l'humilité du Pâpe rassure.
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