C'était en 1999. Les inondations venaient d'avoir lieu dans l'Aude, et j'y étais journaliste pour RCF Pays d'Aude (si vous cherchez bien il doit y avoir une photo de moi, dans Présentation / Fondateurs et Anciens).
Donc me voici à la préfecture , avec une meute de journalistes,(la plupart venu de la capitale en "terre provinciale") venus pour les premiers mots d'un Chirac qui venait de débarquer dans l'Aude et dont on allait recueillir la précieuse science ! (pas de quelqu'un qui sait, mais de quelqu'un qui trône, qui va dire "le mot qui va rester" en la circonstance. Parole qui, pour moi,journaliste de terrain me semblait un peu illégitime. J'aurais préféré voir Chirac écouter ceux qui étaient en contact avec le sinistre. "Je crois en plus qu'il a dit des mots vraiment banals mais d'un ton très empoulé qui a fait illusion. Beau tour de passe passe !
Le fait est quand Chirac a déboulé à grandes enjambés dans la pièce, comble de journalistes, j'étais penché sur mon sac, posé lui même sur une chaise, et le temps de relever la tête, Chirac devant moi me tendant la main. Mon sang n'a fait qu'un tour.
J'ai tout de suite pensé que mon rôle n'était pas deserrer la main à Chirac, et qu'avec ma chance, une photo allait être prise et me suivrait à vie...
C'est pour ça que j'ai replongé la tête dans mon sac, et Chirac, dépité, (enfin j'en sais rien mais ça devait pas lui arriver souvent...) est reparti à son serrage de mains effréné. C'était marrant de le voir "quémandant à ce point la considération de tous jusqu'au dernier. Une soif de reconnaissance extrême, alors qu'on croirait qu'un président n'en aurait plus besoin , vu là où il est arrivé.
Et franchement, personnelement, je ne suis pas dans cette quête là, je me suffis à moi-même. (mais je peux le comprendre c'est humain, mais là c'était poussé à l'extrême).
Quelques mois après, j'ai rencontré Bernadette, (et David Douillet) pour devinez quoi ? Le train des pièces jaunes de passage à Carcassonne pour marquer le coup justement après les inondations ! Etc'était hyper flippant de se retrouver seul en tête à tête dans une pièce avec Douillet (il est super grand) et puis ensuite avec Mme Chirac.
En fait les radios n'étaient pas conviées mais moi j'ai eu la chance de venir au nom de "la Croix du Midi" pour laquelle je faisais des piges, souvent à partir des interviews radios. Donc j'ai eu mon entrée comme ça. Bernadette (très chouette, c'est pour la rime ;)) fait sa conférence de presse avec les journalistes de PQR présents et on me dit que je ferai mon interview radio après. (comme toujours, les interviews radios se font après, ça ne se fait pas d'enregistrer les propos tenus avant à la presse).
Mais Mme Chirac n'avait pas compris la subtilité. Quand ce fût à mon tour, "Mais j'ai déjà dit tout ça !" dit-elle un peu contrariée. Heureusement, son homme de confiance, toujours à côté d'elle, me fixa l'air rieur et se pencha vers elle comme pour m'excuser, "Mais les inteviews radios se font après, madame". Non mais d'ou elle sort ? je me suis demandé. Elle devait pas avoir l'habitude des interviews radios et je ne sais comment je suis passé entre les mailles.
La Bernadette monarchique que vous voyez aux Guignols n'est donc pas si exagérée. (je mettrais ça sur le compte de la nuit passée dans le train ;)
J'ai compris après, devant l'étonnement de l'homme de confiance, quand je lui confirmais que je faisais bien les deux à la fois, les piges pour la presse, et la radio.
Voilà pour l'anecdote... Et y en aura d'autres !
Et clairement, les interviews les plus impérissables pour moi, ce sont celles de gens passionnés, comme ces viticulteurs champenois que j'avais interviewés dans les vignes, avec un vent à décorner les boeufs, on aurait dit à l'antenne que je faisais un reportage en plein ouragan.
Ou alors ce fou rire avec un groupe de hollande qui parlait anglais, et qui était venus enregistrer un disque dans la propriété d'amis audois et je comprenais un mot sur trois et eux un mot sur trois de français, faudra que je ressorte tout ça de mes archives et que je vous fasse écouter ! Mais ce sera pour plus tard ;)
Au coeur de la richesse de tous ces souvenirs, la passion de l'autre, dans tout ce qu'il est capable de donner et de partager. Alors forcément quand on tombe sur un Bernadette dont il faut toutes les peines du monde à faire dire qu'elle aime ce qu'elle fait auprès des enfants.. ou un Chirac dont on boit les paroles plus qu'anodines, alors qu'y a pas forcément de raison sur le moment, vous comprendrez qu'y a un monde....
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