Voilà, j'ai envoyé l'interview à Manuscrit, la voici pour vous en exclusivité ! Elle sera publiée (avec la photo) le 6 octobre prochain sur leur site. Sinon des news : j'ai appellé hier PPDA au numéro que j'avais. Je suis tombé sur sa secrétaire. Il reçoit tenez-vous bien 50 livres par jour et se fait un devoir de répondre une carte à ceux qui mettent un petit mot. Mais j'imagine qu'il a pas le temps de lire tout. Remarquez, si c'est c'est ça qui a décidé mon éditeur, c'est déjà énorme ! lol
Sinon pensez à moi, svp, j'ai super mal au dos, et je dois descendre dans le midi ce week-end. Mon déséquilibre musculaire, qui me lâche pas depuis deux mois, n'a pas trop envie de se passer de moi on dirait ! (d'ailleurs pourquoi croyez-vous que je sois encore levé à pas d'heure !) lol Au moins vous y gagnez c'est déjà ça ! lol
Voici l'interview de Manuscrit :
1/ Pouvez-vous vous présenter ?
Natif du Languedoc Roussillon, j'ai bientôt 32 ans, journaliste en radio et
en presse, j'ai un peu bougé dans différents endroits de France.
Chrétien, homosexuel, je suis avec mon ami depuis bientôt 4 ans. Nous sommes pacsés depuis 2 ans.
2/ D'ordinaire les autobiographies s'écrivent au « soir de la vie », pourquoi revenir sur vos « débuts », à 28 ans ?
Il y a aussi des étapes charnières dans une vie. On peut dire que j'ai vécu beaucoup de choses en très peu de temps. Et pour "tourner la page", j'ai eu besoin d'écrire, pour me libérer vraiment de ce passé un peu envahissant. Je me disais aussi que si cela pouvait aider au moins une personne, cela valait le coup. Dans ces 30 ans de vie, même si parfois je ne comprenais rien à ce que je vivais, ben, l'air de rien, j'ai fait mon chemin. Et c'est ce parcours que je voulais raconter. On y trouve des blessures familiales, un divorce, la mort de ma mère, un mal être psychologique, la foi, l'homosexualité... 30 ans pour arriver à donner du sens à tout ça, et vivre enfin normalement, sans plus en porter tout le poids.
Quelle forme avez-vous choisi pour ce témoignage ?
Ce témoignage se présente sous forme d'épisodes. (52 pour être exact). En fait, il a été écrit, au tout début, au rythme d'un épisode par semaine (environ) pendant deux ans (2002 à 2004) sur le site d'une association de chrétiens concernés par l'homosexualité (Devenir un en Christ) dont je fais partie depuis 1999.
3/ Vous perdez votre mère à 16 ans, paradoxalement la disparition de cette femme aimée mais autoritaire est vécue comme une première libération.
Une libération presqu'inavouable. C'est à ce moment que je me rends compte que ma mère exerçait une pression énorme sur moi et ma soeur. Heureusement, j'ai eu l'occasion inespérée de lui dire les mots tout simples "Tu nous demandes trop", une semaine avant sa mort inattendue. Des mots qu'elle a pu entendre et comprendre. Le lien est parfois étroit entre l'amour d'une mère, et son emprise (qu'elle conçoit comme naturelle sur ses enfants). Dans notre cas l'emprise était très forte, jusqu'à nous tétaniser. C'est pour cela qu'aujourd'hui je tiens énormément à ma liberté de conscience.
4/ Sur votre site, vous apportez votre soutien à un jeune cathogay, initiateur d'un mouvement des « pierres roses », déposées en forme de protestation dans les Eglises, pouvez-vous nous parler de son action ?
Je dois avouer que votre question m'a surpris, et un peu dérouté, car je n'étais pas allé sur son blog depuis quelques jours et je n'avais pas connaissance de ça. (depuis j'y suis retourné). Le principe, initié par Lorenzo,dans son blog "cathogay" est tout récent : il consiste à poser une pierre rose marquée de "je suis un gay catholique, ne me lapidez pas" dans
des églises. C'est assez pertinent, je trouve ! Ca peut faire réfléchir !
Même si je ne m'inscris pas forcément dans cette action, je la respecte entièrement, car elle va dans le sens d'une interpellation en douceur des autorités écclesiales. Je suis très attaché au respect, à la tolérance. Et malheureusement, c'est souvent ceux qui la demandent à corps et à cris qui en font le moins l'usage. Je suis d'accord qu'il faut faire avancer les choses. Mais si on provoque trop, on bloque tout (surtout avec l'Eglise). Mon implication dans une association d'aide et d'écoute (Devenir un en Christ), me permet d'aider des personnes à se remettre debout, à continuer à cheminer, au lieu de se détruire dans la culpabilité, la solitude.
Et c'est vrai, qu'il est de plus en plus important, plus ça va, que, grâce à notre expérience sur le terrain, nous puissions dire à l'Eglise qu'au delà de la norme écclesiale, il y a des personnes qui ont besoin d'être accueillies et qui se sentent rejetées. La charité que prône l'Eglise doit aussi réussir à trouver sa place, malgré les dogmes. A quoi sert la chasteté par exemple, si elle devient contraire à la charité ? Le chemin est long et difficile, mais la foi m'aide à croire que cela est possible.
Notre association est déja un lieu où les personnes sont reçues sans jugement aucun, où elles peuvent continuer leur chemin de foi, quelquesoit leur choix de vie actuel (vie de couple hétéro, célibat, chasteté, vie homo, engagement religieux, prêtrise)
En espérant mieux, bien sûr !
Comment vit-on catholique et gay ?
C'est pas forcément une évidence, vous vous en doutez. Et du coup, ça pose question. On se rend compte que sa sexualité, on ne la choisit pas ! (Ca m'aurait arrangé de claquer des doigts et de devenir hétéro, ça aurait simplifié bien des choses, je n'ai jamais voulu être différent !). Du coup que faire ? Se renier soi-même ? Renier sa foi ? Ce sont des questionnements très forts, qui ne se résolvent pas tout seuls ! D'où l'intérêt déjà de ne pas s'isoler, et de rencontrer des personnes vivant la même réalité.
Cela donne un recul vital, pour éviter le repli sur soi, et la destruction programmée, car le dilemne est mortifère. Après, chacun fait son chemin. Nous ne sommes pas tous des clônes, et chacun doit trouver la place qui lui correspond le mieux, pour son équilibre et afin qu'il rayonne et témoigne de son bonheur, de l'amour qu'il se porte et qu'il peut ainsi porter aux autres. Je suis passé moi-même par plein d'étapes, qui m'ont permis d'enfin trouver ma voie. Et c'est cette "mise en route" qui est importante. Il ne faut pas désespérer, et croire qu'un chemin est possible !
5/ Pensez-vous que l'arrivée au pouvoir du Cardinal Ratzinger va encore durcir les positions de l'église vis à vis de l'homosexualité ou du mariage des prêtres ?
Pour l'instant, si je me base sur les seules déclarations du nouveau Pâpe (depuis son élection) ce n'est pas encore le cas concrètement, mais c'est vrai qu'il est légitime de le craindre. Je crois que l'Eglise a besoin d'un nouveau dialogue avec ses fidèles. En vérité, et au delà des préjugés. Ne serait-ce que pour mieux comprendre, avant d'asséner un jugement purement moral.
Il y a des histoires humaines, des pélerins qui veulent avancer sur leur chemin et qui subissent leur sexualité. Aujourd'hui, l'Eglise a du mal à faire face à tout ça. Peut-être aussi qu'elle a besoin qu'on l'aide, qu'on rétablisse le dialogue et qu'enfin, elle écoute. J'ai la chance d'avoir un lieu (mon association) où je peux partager ma foi, dans la vérité de ce que
je suis, et ça, pour moi, c'est déjà énorme.
6/ Quels sont vos projets ?
Pour l'instant, la promotion de ce livre. En simultané, l'écriture d'un deuxième, qui fera parler un laïque engagé en pastorale, en couple avec son ami depuis 13 ans, et qui s'apprête à fonder une communion, accueillant des personnes concernées par l'homosexualité, et leur proposant un lieu de vie spirituel. L'été prochain, il y aussi le projet de monter "Au matin de ma vie" en long métrage avec une équipe de passionnés, très intéressés par mon témoignage. Je crois que ce type d'histoire manque dans les médias d'aujourd'hui, même si ces derniers mois on a beaucoup avancé sur le sujet. La question de la foi et de l'homosexualité reste taboue, et mérite, je crois, d'être abordée d'une manière nouvelle, plus ouverte, plus humaine.
Bravo pour ton blog.
Tu n'as pas la plus petite idée à quel point je comprends TOUT ce que tu vis. Et en plus nous avons EXACTEMENT le même âge. Mais ma merveilleuse maman n'est heureusement pas décédée.
Je n'ai pas suivi le même cheminement que toi, mais une direction totalement opposée, contre ma nature profonde. Et mon choix actuel d'état de vie, je commence à bien le regretter... en lisant tes messages de joie et d'espoir.
En tout cas merci à toi pour nous avoir livré en avant-première ce bel interview dès aujourd'hui.
Prends le plus grand soin de ton dos en espérant que tes ennuis de santé ne sont que passagers.
Rédigé par : Damien | 30 septembre 2005 à 08:34
Merci Damien pour ton message ! Bon courage pour ton propre cheminement, et ravi que le mien puisse t'aider comme il peut , fraternellement !
Rédigé par : Eric Louis | 02 octobre 2005 à 23:25